publication de claire oberst

La pratique de Gladys Sauvage s’articule autour de l’art de la dentelle, et plus particulièrement de la dentelle aux fuseaux. Son travail est constitué d’un ensemble l’éléments significatifs : la dentelle elle-même, la technique et l’artisanat, les outils propres à la dentelle, son histoire et son étude contemporaine – tous ces aspects sont égaux hiérarchiquement. Par ailleurs, Gladys Sauvage présente ses œuvres sous forme d’installations, de performances, associées à des dispositifs mécaniques (son art vit, respire, bouge), elles sont projetées ou interagissent avec d’autres artistes (d’autres mains, d’autres corps). Sa présentation et sa construction sont profondément réfléchies. L’artiste repense continuellement sa pratique et la pertinence de son travail. Elle développe actuellement un projet de médiation et a adopté une approche éducative et sociale, animant des ateliers et transmettant les vertus de la dentelle à un public diversifié. La technique complexe de la dentelle enseigne la patience, la concentration, la qualité et le travail consciencieux et minutieux.

Gladys expérimente et collectionne. Elle trouve de la beauté et de la signification dans les outils techniques : les fuseaux, les cartons (patrons historiques de la dentelle), les dessins techniques. Elle tisse sa propre corde, construit son propre métier, ses propres machines, présente le rouleau de dentelle comme faisant partie de l’œuvre finale. Son travail est tridimensionnel, non seulement physiquement, mais aussi dans ses thèmes. Il peut, et doit, être examiné et disséqué – il soulève des questions sur le temps, la création et la beauté. En outre, sa matérialité est exceptionnellement riche : la dentelle elle-même est sensuelle et opulente, les structures sont techniques. Les œuvres sont impressionnantes par leur mise en scène et leur installation, mais aussi par leurs détails et leur finesse. En ce sens, son travail possède une qualité brute, mais aussi une touche très délicate. La chaleur de l’essence organique, des fibres et du bois, est associée à la dureté du processus de fabrication. Rappelant le corps et son mécanisme, presque comme une peau parfois, Gladys Sauvage présente des œuvres exceptionnellement uniques avec une identité et une histoire qui leur sont propres.

Claire Oberst, mars 2023

Ce texte fait suite à notre rencontre avec Claire dans mon atelier. Il a été écrit dans le cadre de l’exposition IN VITRO, duo-show avec l’artiste Esther Babulik à la galerie Espace D.