In vitro, duo show avec Esther Babulik

20.04.2023 → 30.04.2023

In vitro, duo show avec Esther Babulik , 2023

« L’exposition IN VITRO est un laboratoire, un espace d’expériences et de recherches où l’on cultive, on accouple, tissus vivants et mécaniques.

Nous cherchons à donner vie à de nouvelles entités, des corps hybrides, à l’image des étranges mutations qui (dés)ordonnent notre écosystème. Des micro-organismes aux machines, IN VITRO met en exergue la complexité du vivant ; ses multiples collaborations et connections rendues invisible par un système normé et anthropocentré.  En proposant une fiction à la fois sensible et dérangeante, nous repensons l’inapproprié ; le non-classable.

Être cyborg. Être sensible. Être vivant. » Esther Babulik et Gladys Sauvage

Exposition dans la galerie Espace D à Etterbeek (Belgique) avec Esther Babulik

Des citations de Manisfeste Cyborg, de Donna Haraway et Les Furtifs, de Alain Damasio, ont été annotés sur les murs de l’exposition. 

“Le furtif, dans les représentations qui émergent, c’est le clandestin, l’insaisissable, le migrant intérieur. Celui qui assimile et transforme le monde. Peut frapper et fuir. Il incorpore l’ennemi pour pouvoir muter et grandir. C’est donc une puissance animale à capter ou à apprivoiser en nous.  »  Alain Damasio

« L’imagerie cyborg s’inscrit plus largement dans une ontologie peuplée de “chimères, hybrides, machines” et définit des possibilités et des limites différentes de celles proposées par les fiction de la Nature de l’Homme et de la Femme. » Donna Haraway

« Nos machines sont étrangement vivantes et nous, nous sommes épouvantablement inertes. » Donna Haraway

Oeuvre réalisée par Esther Babulik et Gladys Sauvage dans le cadre de l’exposition In Vitro

publication de claire oberst

La pratique de Gladys Sauvage s’articule autour de l’art de la dentelle, et plus particulièrement de la dentelle aux fuseaux. Son travail est constitué d’un ensemble l’éléments significatifs : la dentelle elle-même, la technique et l’artisanat, les outils propres à la dentelle, son histoire et son étude contemporaine – tous ces aspects sont égaux hiérarchiquement. Par ailleurs, Gladys Sauvage présente ses œuvres sous forme d’installations, de performances, associées à des dispositifs mécaniques (son art vit, respire, bouge), elles sont projetées ou interagissent avec d’autres artistes (d’autres mains, d’autres corps). Sa présentation et sa construction sont profondément réfléchies. L’artiste repense continuellement sa pratique et la pertinence de son travail. Elle développe actuellement un projet de médiation et a adopté une approche éducative et sociale, animant des ateliers et transmettant les vertus de la dentelle à un public diversifié. La technique complexe de la dentelle enseigne la patience, la concentration, la qualité et le travail consciencieux et minutieux.

Gladys expérimente et collectionne. Elle trouve de la beauté et de la signification dans les outils techniques : les fuseaux, les cartons (patrons historiques de la dentelle), les dessins techniques. Elle tisse sa propre corde, construit son propre métier, ses propres machines, présente le rouleau de dentelle comme faisant partie de l’œuvre finale. Son travail est tridimensionnel, non seulement physiquement, mais aussi dans ses thèmes. Il peut, et doit, être examiné et disséqué – il soulève des questions sur le temps, la création et la beauté. En outre, sa matérialité est exceptionnellement riche : la dentelle elle-même est sensuelle et opulente, les structures sont techniques. Les œuvres sont impressionnantes par leur mise en scène et leur installation, mais aussi par leurs détails et leur finesse. En ce sens, son travail possède une qualité brute, mais aussi une touche très délicate. La chaleur de l’essence organique, des fibres et du bois, est associée à la dureté du processus de fabrication. Rappelant le corps et son mécanisme, presque comme une peau parfois, Gladys Sauvage présente des œuvres exceptionnellement uniques avec une identité et une histoire qui leur sont propres.

Claire Oberst, mars 2023

Ce texte fait suite à notre rencontre avec Claire dans mon atelier. Il a été écrit dans le cadre de l’exposition IN VITRO.